La directrice adjointe de l’entreprise Partida Logistics raconte les imprévus auxquels le secteur de la logistique s’est adapté au milieu de la crise sanitaire, et souligne l’agilité du Maroc et des aspects tels que l’exportation d’oranges comme l’un des grands améliorateurs des exportations espagnoles.

 


 

 


Transcription.

Virginia Hernández: Cette fois, on parle avec Macarena Ramos, directrice adjointe de Partida Logistics, agence douanière et opérateur logistique avec des bureaux dans le port d’Algésiras et Motril. Salut Macarena, ça va?

Macarena Ramos: Salut Virginia. Ça va, merci beaucoup. Ici, tout le monde travaille et donne un coup de main.

VH: Au début de la crise sanitaire, il y avait une multitude de problèmes avec le trafic maritime de marchandises en raison de la fermeture du marché chinois, des renvois vers d’autres pays, des blocages… Et depuis avant, il y avait des experts qui assuraient qu’il manquait 500.000 reefers pour le trafic outre-mer (parmi les différents secteurs, on ne parle pas seulement de l’agroalimentaire. Comment avez-vous affronté ces problèmes chez Partida Logistics? Comment cela vous affecte-t-il dans vos opérations (maritime, terrestre, etc.)?

MR: Précisément, nous avons fait une preimière analyse et parlé avec nos clients au début du mois de mars, et ils nous ont dit quelle situation ils vivaient. Des grands exportateurs d’oranges avaient vu quelques changements au port d’entrée, mais ils n’ont pas reçu d’autres incidents. En fait, le trafic a même augmenté, les demandes ont augmenté. Maintenant, c’est vrai que le niveau des conteneurs et le volume ont baissé un peu, mais c’est très peu, ils font encore bien d’exportations.

Il y a un gros exportateur de viande qui envoie de nombreux articles vers la Chine et il nous a parlé des incidents qu’il a rencontrés, qui sont principalement le détournement vers d’autres ports qui lui étaient communs. Les principaux points d’entrée étaient Shanghai, Ningbo, Shenzhen, entre autres.

Mais voici le problème : ces ports sont devenus encombrés et se sont retrouvés avec une certaine angoisse car le trafic était coupé à l’intérieur du pays, en raison de la situation dans laquelle ils etaient à cause du Covid-19, et précisément la viande de porc est très demandée, car il y a un déficit en protéines dû à la peste porcine, et on a dû sacrifier environ 30% de sa production porcine. Donc, le gouvernement a appliqué une réduction du prix du marché de ce produit jusqu’à nouvel ordre. Donc les importateurs ont pu recevoir toute cette marchandise, mais ils ont paralysé l’augmentation des prix car, en raison de cette compensation du gouvernement, on a subi une forte baisse des prix et les importateurs ont dit qu’ils n’allaient pas assumer les pertes lesquelles le gouvernement chinois n’assumaient pas.

Face à cette situation, 8% des fruits du monde ont été paralysés en Chine en raison du manque de frigo, qui a fait monter en flèche les taux des frets. Ils nous ont dit qu’ils avaient vu des augmentations de 3.000 $ à 4.500 $ pour fret.

Et il y a aussi un concept qu’on appelle la Déclaration de Fin de Voyage. Cela signifie que si la livraison est impossible pour une raison valable, le retour des marchandises est autorisé, ou le détournement vers d’autres ports. Pour cette entreprise en particulier, c’était un gros problème car la documentation sanitaire qui se prépare est déterminée selon le port de destination; si on le change, toute la documentation doit être rectifiée, ce qui était une nuisance totale.

Beaucoup de fois, ils nous ont dit que les compagnies maritimes les avaient reçues unilatéralement. Certains problèmes y ont été trouvés. Mais peu à peu, ils les ont résolus. En fait, non seulement le trafic a augmenté, mais les marchandises circulent librement et atteignent les marchés et tout commence à se stabiliser un peu.

Nous, dans les importations, les produits que nous avons importés depuis janvier jusqu’à la fin de mars, étaient principalement de l’huile de poisson, des barres de fer, des marchandises dangereuses, des cure-dents, des plateaux, des tableaux et des produits téléphoniques.

Et nous pensons que le marché commence à se stabiliser, nous avons commencé à le remarquer, mais nous n’avons pas cessé d’importer et d’exporter, notamment des fruits, qui continuent d’être exportés vers la Chine.

VH: Tu m’as parlé des grandes industries d’agrumes et aussi de la viande, y a-t-il un autre produit qui pourrait se démarquer au niveau des fruits et légumes, ou principalement ils sont les plus demandés?

MR: L’exportation d’oranges est devenue l’un des grands améliorateurs des exportations espagnoles. Cela me semble très important car je pense que les exportateurs espagnols et européens en général apportent une aide et font des efforts considérables.

On se débrouille très bien et en obtient des très bons résultats. Le volume a un peu diminué, mais on n’a pas cessé d’envoyer des marchandises, ce qui me semble très important surtout dans cette situation; nous continuons à maintenir le niveau des exportations.

VH: Certains pays d’Europe centrale comme l’Autriche et l’Allemagne rouvrent déjà des magasins. Cela pourrait-il signifier un soulagement pour les retours de camions vers le sud de l’Europe, qui jusqu’à présent revenaient vides, avec les pertes économiques qui en résultent?

MR.: Effectivement, on commence à le remarqué, et j’aime parler avec les transporteurs, avec les chauffeurs, car je pense que les renseignements qu’ils ont sont très importantes. Après tout, c’est eux qui se promènent partout et qui en recueillent beaucoup.
Je parle beaucoup avec eux et ils me le disent, et c’est vrai parce que moi-même j’ai reçu de nombreux appels de transporteurs qui me demandent s’il y a des chargements, qu’il faut charger des chargements sortants, chargements d’exportation… Il fallait faire quelquechose pour augmenter le niveau des exportations, mais la situation ne dépendait d’aucun d’entre nous. On devait attendre les recommandations sanitaires et l’ouverture progressive du marché. On commence à voir plus de mouvement, mais c’est vrai que depuis Partida, nous sommes spécialisés dans les fruits et légumes, les exportations les plus fréquentes sont celles de l’emballage, pour transporter ces marchandises après.

Il s’agit du volume d’exportations le plus important dans ce domaine, mais nous espérons que d’ici à quelques semaines, aussitôt que cette situation évolue et que le marché se stabilise un peu et que les industries s’ouvrent, le volume des exportations augmente et cela améliore la situation en Europe.

VH: L’un des marchés où vous opérez est dans le Maroc. Comment a évolué toute la question de la logistique avec ce pays et avec des autres avec lesquels vous développez des opérations?

MR: Le Maroc est l’endroit où je suis le plus spécialisé et j’ai été surprise beaucoup de fois dans cette situation. D’abord, je voudrais souligner que les deux gouvernements ont réagi très vite. Les deux se sont contactés, ont essayé de prendre des mesures pour se protéger et cela signifie que, jour après jour, nous nous sentons plus sûrs au moment de faire notre travail.

C’est vrai qu’il y avait beaucoup d’incertitude et que petit à petit nous avons réagi. Nous avons affronté cette situation chaque jour pour surmonter un nouveau défi, et cela a été très intéressant. Par exemple, l’une des mesures que j’ai plus remarqué au début était que, lorsque nous expédions une marchandise, nous devons livrer le document de sortie au chauffeur afin que, lorsqu’il quitte la zone douanière, il le remette à la garde civile, qui est l’autorité de contrôle dans ce cas. Je sais qu’ils avaient un projet et ils l’ont beaucoup accéléré et nous ont permis d’envoyer ces documents aux appareils mobiles de ces chauffeurs. On a évité le contact physique pour envoyer ce document et qu’ils puissent le montrer à la sortie de la zone douanière, la zone portuaire, afin qu’ils puissent continuer leur chemin.
En cela, on a mis les bouchées doubles, on a travaillé très, très dur, et on a réussi. Voilà une des premières mesures que j’ai remarqué.

Ensuite, nous avons tous étés très prudents, mais c’est vrai que chaque organisme a donné ses petites normes. Les contacts physiques ont été réduits pour éviter les foules de personnel et de marchandises aux quais de déchargement. Des mesures ont été prises au sein des entreprises et des services, par exemple distanciation, télétravail. Beaucoup de nouveaux calendriers ont été faits sur le télétravail, dont nous avons été informés.

Et, chacun de ceux qui ont prêté des services, comme la santé des végétaux, la santé externe ou Soivre ou, même les douanes, ont contacter directement avec nous de manière très claire et assidue, et ils nous ont donné les protocoles sur la façon dont nous devions travailler. Ils ont essayé de le simplifier un peu, notamment la livraison des documents originaux pour éviter ce contact.

Les mesures de contrôle et de sécurité continuent d’être maintenues dans la chaîne logistique, car la chose la plus importante est que les marchandises arrivent sur les marchés et qu’elles continuent à répondre aux mêmes normes et la même rigueur que jusqu’à présent. Et toutes les mesures nécessaires ont été prises puisque nous continuons d’avoir des inspections.

C’est vrai que le personnel ici a été réduit physiquement et que nous avons eu des situations incroyables. Par exemple, avant il semblait que les deux gouvernements avaient beaucoup de mal à se communiquer, malgré le volume des marchandises à importer et exporter que nous avons. Et bien, il semble que ce n’est plus le cas, et tout de suite qu’ils se sont mis en contact et ont commencé à travailler avec des homologues tels que ceux de service phytosanitaire avec OMS, de manière qu’on ne va pas exiger les certificats phytosanitaires originaux pour éviter le contact, mais on ne doit pas oublier de garder ces documents pour les fournir dans le futur.

Après OMS a pris la même décision et pour éviter de mettre en danger la santé de la population, elle n’allait pas remettre physiquement ces documents. Tout allait être télématique.

C’est vrai qu’il faut s’habituer à ce nouveau panorama, qui devient parfois assez ennuyeux car on n’y est pas habitué. Mais je dois dire qu’on réussit à le faire, et j’espère que toutes ces mesures qui sont prises servent à améliorer notre fonctionnement et à accélérer le processus, car nous nous sommes plaints tant de fois des obstacles et des autres problèmes depuis Algésiras, en particulier en ceux qui concerne la santé extérieure.

Nous pensons que de nombreuses améliorations peuvent être apportées. Bien des revendications que nous avons faites sur les services étaient dans cette ligne. Nous croyons à l’ère de la technologie dans laquelle nous vivons et, pour cela, il existe des solutions avec lesquelles les entreprises peuvent aider à collaborer et à coopérer avec l’administration publique. Nous pouvons leur donner de nombreuses idées, car finalement nous, en tant qu’agent douanier, nous sommes au milieu, entre le client et l’administration. En écoutant toutes les parties, nous pensons que nous sommes préparés pour donner un avis et, surtout, aider à l’administration, qui a ses ressources et personnel limités, et une série d’incertitudes dans cette situation dans laquelle nous nous trouvons tous. Cela peut même la rendre plus difficile à gérer. Et même ils ont su s’adapter, ils contactent avec nous, et j’espère que cela servira de base pour avancer dans le futur et réaliser de plus grandes économies de temps et d’expédition de papier, car le papier est déjà obsolète. Nous avons déjà partout des certifications afin que la marchandise puisse être tracée. Nous devons profiter des grandes technologies.
Le Maroc a donc été une impulsion très curieuse dans cette nouvelle situation et il y a de nouveaux projets et je pense qu’il faut les approfondir comme nous les lançons maintenant. C’est très intéressant.

VH: Oui, cela peut être un bon point de départ pour changer les choses.

MR: Nous pensons que c’est un bon point de départ et en plus nous le vivons, nous le vérifions, nous remarquons que c’est possible. Que ce que nous avons réclamé tant de fois, de l’utilisation de cette technologie, est possible. Nous avons d’excellents services et nous avons de grands informaticiens et nous avons un grand pays qui est très avancé. Le Maroc a également un niveau merveilleux, et je pense que nous devons promouvoir cela car nous en sommes très désireux.

Quel meilleur moment que maintenant pour avancer et s’ameliorer. Je pense que c’est une bonne opportunité. En plus, nous trouvons cette situation très différente et le Ramadan commence, avec ce que cela implique. Cela nous semble une situation compliquée aussi pour nos voisins et nous devons les aider. Non seulement nous protégeons tout le monde, mais á eux aussi eux, qui vont faire un effort et nous devons tous être là.

Je pense que la question du Maroc a beaucoup à dire dorénavant.

VH: En ce qui concerne l’équipe de Partida Logistics, quels efforts déployez-vous chaque jour et comment avez-vous géré cette situation? Je comprends en partie ce que vous disiez il y a quelques minutes, beaucoup de collaboration, dialogue, avec vos homologues de chaque pays, de différentes entreprises et organisations. Comment avez-vous développé tout ce travail?

MR: Au début, il y avait beaucoup d’anxiété, on avait peur. Que va-t-il se passer? La première chose faite a été de prendre des mesures à la maison, bon, je parle de la maison parce que pour moi, Partida est ma maison et mes collègues sont ma famille.

La première chose que nous avons faite ici a été de prendre des mesures, donc la distance doit être respectée. Nous avons essayé de respecter toutes les normes sanitaires demandées, tous les protocoles. C’est vrai que nous avons eu beaucoup de problèmes, comme tout le monde, avec ce que concerne les masques, les gants… Pourtant, les gens ont pris conscience très tôt et ont respecté les mesures et, parfois, dans le feu de l’action il semble que nous ayons oublié, mais tout de suite, gare aux mesures, attention! Au début, c’était un peu dur, surtout à cause de l’anxiété, qui était dans la rue, la télé, et comment gérer son travail n’était pas facile, et car cela nous rattrape au plus haut moment de notre campagne. Par exemple, avec le Maroc, c’est le moment le plus élevé. C’est un moment où nous sommes généralement très stressés et très accablés et voilà, le monde s’arrête. Cela vous rend si fou.
Pourtant, les gens ont montré beaucoup d’esprit, ils pensaient que c’était leur échappatoire, le travail allait leur permettre de voir d’autres personnes qui n’étaient pas sa famille. Et, évidemment, l’effort que l’entreprise a fait pour conserver tous les emplois parce que nous n’avons licencié personne, au contraire, nous avons renforcé les horaires ou nous avons essayé de donner plus de pauses aux moments où nous avons pu. D’autres services ont dû couper leurs pauses et ont été assez fatigués. Mais toujours en respectant tous les protocoles et tous les minimums.

Et je n’ai que des mots de remerciement, le personnel a été super, 1000%, a tout donné. Et aussi avec un professionnalisme incroyable. Il y a eu des associations qui se sont intéressées à nous et nous ont envoyé des masques de protection parce qu’elles savaient que nous avions eu des problèmes avec les masques. Il y a eu des gens ici dans la communauté qui nous ont aider beaucoup, et nos familles et les membres de l’équipe eux-mêmes. C’est vrai que tout le monde a fait un gros effort, d’autres ont dû s’adapter à cette petite hystérie collective qui les traînait. Et nous profitons du travail pour nous déconnecter et avancer. Et pouvoir parler à son partenaire et lui dire ce que ne marche pas chez soi et lui de même. Cela a été merveilleux. Et l’effort de l’équipe a été spectaculaire. Partida a une super équipe, nous démontrons toutes les campagnes que nous nous améliorons chaque fois et que nous n’arrêterons pas de le faire.

Nous adorons toujours recevoir des commentaires positifs et négatifs de nos clients et collaborateurs parce que cela nous permet, très clairement, de progresser. Si on ne reçoit pas de feedback de ses collaborateurs ou de ses clients, on ne progresse pas. Nos bureaux sont toujours ouverts, nous n’avons fermé aucun jour. Nous avons l’obligation de venir travailler parce que nous devons collecter la documentation originale pour mesure de sécurité et pour que la gestion soit beaucoup plus facile.

Je n’ai que des mots de remerciement pour mon équipe.

VH: Merci beaucoup, Macarena, pour ton temps, pour ton effort, pour l’effort de Partida qui contribue à continuer à maintenir cette scène à la fois de l’alimentation, et dans votre cas, de toutes sortes de produits.


Source primaire: https://fruittoday.com/en-marruecos-se-han-puesto-las-pilas-rapidamente-a-nivel-logistico-con-la-covid-19/